Histoire d’une œuvre, le Baiser de Gustav Klimt

Conférence proposée gratuitement dans le cadre de l'événement Strasbourg mon amour 2024.

En 1908, Gustav Klimt souhaite célébrer l’harmonie amoureuse qu’il vit avec sa muse Émilie Flöge, par une composition éminemment sensuelle et originale, fleuron de ce fameux Cycle d’or qui fera sa renommée. L’artiste avait en effet recours à ce matériau depuis quelques années pour installer ses œuvres dans une dimension aussi précieuse qu’intemporelle, soulignant la qualité décorative et symboliste de son art. Dans ce tableau, il convoque les grands thèmes de son travail : délicatesse des sentiments amoureux à laquelle répond la richesse ornementale des éléments peints, parterre fleuri et motifs décoratifs, enfin fond doré à la feuille. Présenté à peine achevé à la Foire d’art de Vienne (Kunstschau), le tableau est immédiatement salué par la critique et acquis par le comité du ministère de la Culture pour la galerie d’art contemporain du Belvédère récemment créée.

Quoi de plus naturel dès lors que de profiter de ce 14 février pour découvrir l’œuvre de Gustav Klimt à travers ce tableau iconique, pour en retracer l’histoire et en mesurer la portée ?

Conférence en partenariat avec

Votre conférencière :

Nathalie Douay est historienne de l'art et conférencière nationale.

Les dates à retenir :

1862 : Gustav Klimt naît le 14 juillet à Baumgarten, faubourg de Vienne. Il est le fils d’un orfèvre ciseleur et d’une chanteuse lyrique.

1876 : il étudie à l’École des Arts et Métiers de Vienne.

1885 : devenu peintre et décorateur, il a ouvert un atelier avec son frère Ernst et un ami, Franz Matsch. Ils sont chargés de la décoration de la Villa Hermès à Lainz et de celle du Théâtre d’État de Fiume.

1886-1888 : il réalise les peintures murales du grand théâtre de Vienne, le Burgtheater.

1895 : il peint L’amour et La Musique, œuvres qui marquent le début de sa période symboliste.

1897 : avec Ludwig Hevesi, Klimt fonde la Sécession ou Union des artistes figuratifs d’Autriche afin de réunir les forces créatrices du pays, de prôner un échange international des idées et de s’engager dans la création d’un art total. Pour atteindre ses objectifs, le groupe édifie son propre lieu d’exposition, le palais de la Sécession, et l’année suivante, il se dote d’une revue, Ver Sacrum dont Klimt est membre du comité de direction.

1899 : Klimt commence une série de toiles (La Philosophie, La Médecine et La Jurisprudence) dites Peintures des Facultés à la demande de l’université de Vienne (elles furent détruites en 1945).

1902-1903 : son œuvre s’oriente vers une nouvelle production originale, celle dite du Cycle d’or, alimentée par la découverte des mosaïques paléochrétiennes de Ravenne. L’année suivante, il commence un ensemble de mosaïques murales pour la salle à manger du luxueux palais du banquier Adolphe Stoclet à Bruxelles, dont il livrera les cartons en 1909.

1906 : Klimt a quitté la Sécession l’année précédente et forme une nouvelle Union des Artistes d’Autriche (Österreichischer Künstlerbund).

1908 : le Baiser est exposé à la Kunstschau de Vienne. L’année suivante, ses œuvres y sont présentées aux côtés de celles de Van Gogh, Gauguin, Matisse, Munch, Vallotton, Vuillard et Bonnard. Il se rend ensuite à Paris où il approfondit sa connaissance du fauvisme et du pointillisme ce qui orientera sa production vers des œuvres plus colorées et une touche plus difractée.

1917 : Klimt devient membre honoraire de l’Académie des beaux-arts de Vienne et de l’Académie de Munich.

1918 : au retour d’un voyage en Roumanie, il a une attaque d’apoplexie et décède le 6 février à Vienne à l’âge de 56 ans.

À lire pour aller plus loin :

Valérie Mettais, Klimt, Éditions Hazan, 2020.

Charles Victoria et Carl Klaus H., La sécession viennoise, 2012.

Ver Sacrum. La revue de la Sécession viennoise 1898-1903, Éditions Skira, 2018.

{{02_Histoire de l’art}}